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Michel Haddi est un maître de la lumière, de l'émotion et des récits invisibles qui habitent chaque portrait. De l’immortalisation des icônes culturelles à l’exploration de nouveaux territoires créatifs, son œuvre transcende le glamour — révélant l’humanité tapie sous la surface. Dans cette interview exclusive pour QCEG, Haddi revient sur son parcours exceptionnel, sa philosophie artistique et les projets qui continuent de le nourrir — dont un nouveau chapitre audacieux qui s’ouvre en Chine, en Arabie Saoudite et au Moyen-Orient. Entrez dans l’univers de l’un des photographes les plus influents de notre époque, où chaque image raconte une histoire et chaque regard révèle une âme.
Bien plus qu’un photographe, Michel Haddi est un conteur de l’esprit humain. Sa vie est une tapisserie de contrastes — dureté et beauté, adversité et accomplissement, chaos et grâce. De ces extrêmes, il a façonné l’une des voix visuelles les plus singulières de sa génération. À travers son objectif, le caractère et l’émotion prennent le devant de la scène, révélant l’intimité humaine souvent dissimulée derrière la personnalité publique.
Haddi a capturé des légendes — de David Bowie et Tupac Shakur à Kate Moss et Angelina Jolie — mais ses portraits n’ont jamais tourné autour de la célébrité seule. Ils s’ancrent dans la vérité, la présence et la poésie silencieuse d’un instant suspendu. Chaque photographie dépasse les frontières de la mode ou de la célébrité, transformant un moment éphémère en un récit visuel durable.
Aujourd’hui, alors qu’il tourne son regard vers de nouveaux horizons en Chine, en Arabie Saoudite et au Moyen-Orient, Haddi continue d’élargir et de perfectionner sa vision artistique. Son travail nous rappelle que la photographie est bien plus qu’un métier — c’est un voyage de vie fait de curiosité, de courage et de connexion. Dans la conversation qui suit, il partage les réflexions, expériences et révélations qui ont façonné son héritage — ainsi que l’art de la présence, en constante évolution.
— SUNA MOYA
FILMS RÉALISÉS PAR MICHEL HADDI
L’ART DE LA PRÉSENCE : PORTRAITS DE LÉGENDES
“Michel Haddi révèle l’humanité derrière les icônes, mêlant lumière, émotion et vérité tandis qu’il explore de nouveaux horizons créatifs audacieux en Chine et au Moyen-Orient.”

QCEG : Vous avez grandi entre plusieurs cultures et affronté de nombreux défis dans votre enfance. Comment ces expériences ont-elles façonné votre regard sur les gens et le monde ?
MICHEL HADDI : Je suis né dans les années 1950 à Paris, pendant la guerre d’Algérie. Ma mère est berbère d’Algérie, et à l’époque, la ville était pleine d’émeutes et de tensions. En tant que petit garçon, j’ai été témoin de choses qu’aucun enfant ne devrait voir. J’ai été déplacé entre différentes familles et j’ai même passé plusieurs années dans un orphelinat. Mais ces expériences m’ont donné de la force — elles m’ont appris à survivre, à voir le monde sans illusion et à reconnaître la beauté même dans la brutalité.
QCEG : Les magazines de mode ont d’abord éveillé votre imagination — pouvez-vous décrire le moment où vous avez compris que la photographie pourrait être votre vocation ?
MICHEL HADDI : Vers mes dix-huit ans, je travaillais de nuit comme portier d’hôtel et le jour comme serveur dans un restaurant parisien. J’ai rencontré beaucoup de personnalités célèbres — de Dalí à Grace Jones. À l’époque, j’étudiais les mathématiques électroniques, ce que je n’aimais pas. Un jour, en me promenant à Montparnasse, j’ai vu une couverture de Vogue France par Helmut Newton. Je me suis dit que je pourrais faire quelque chose de similaire. J’ai photographié un ami, et quand quelqu’un a comparé ma photo à celle de Newton, j’ai juste ri. Je suppose que j’avais cette audace — peu importe, fais-le. C’est à ce moment-là que j’ai su.
QCEG : Vous dites que vous photographiez des âmes, pas seulement des visages. Comment savez-vous quand l’âme de quelqu’un se révèle devant votre objectif ?
MICHEL HADDI : Chacun a une âme. Quand je travaille avec quelqu’un, je regarde au-delà des vêtements, de la posture, de la surface. J’attends ce moment où la personne laisse tomber sa garde et révèle qui elle est vraiment. C’est là que je le vois — l’étincelle qui la rend unique. Si je vous photographiais maintenant, je chercherais cette même lumière, ce morceau caché de votre âme.
QCEG : Y a-t-il un moment ou une histoire que vous avez capturé et qui vous a surpris — quelque chose qui a changé votre vision de la photographie ?
MICHEL HADDI : Je suis toujours surpris. Chaque séance ressemble à la première fois. Jacques-Henri Lartigue disait que les photographes amateurs sont souvent meilleurs parce qu’ils sont innocents — et il avait raison. Il faut garder ce sens de l’émerveillement. Le jour où vous n’êtes plus surpris est le jour où vous devez arrêter de photographier.
QCEG : Comment trouvez-vous l’équilibre entre glamour, mode et vérité dans vos images ?
MICHEL HADDI : C’est comme cuisiner — on mélange ce qui semble juste. Une touche de technique, un peu d’instinct, et parfois, la parfaite erreur. Je crois que chaque grande photo comporte une imperfection — c’est ce qui la rend réelle. Regardez Linda Evangelista — son visage n’est pas symétrique, et c’est pourquoi elle est inoubliable. La beauté réside dans l’imperfection.
QCEG : Vous avez photographié des légendes comme Bowie, Tupac et Kate Moss. Y a-t-il un portrait qui semble capturer non seulement le sujet, mais aussi une partie de vous-même ?
MICHEL HADDI : Quand j’ai photographié Tupac, j’ai ressenti quelque chose de tragique. Il y avait de la douleur dans ses yeux, et j’ai senti une obscurité approcher. Ce moment est resté avec moi — il m’a rappelé que la photographie n’est pas seulement voir ; c’est aussi ressentir.
QCEG : Pouvez-vous partager une anecdote de coulisses qui vous a marqué ?
MICHEL HADDI : Travailler avec quelqu’un que l’on aime — c’est la chose la plus dangereuse. Quand les émotions prennent le dessus, vous cessez d’être photographe ; vous devenez vulnérable. C’est beau mais compliqué, car l’amour change le regard. Il vous fait voir autrement.
QCEG : Vous avez exprimé votre intérêt pour travailler en Chine. Comment voyez-vous votre photographie dialoguer avec une nouvelle culture tout en restant fidèle à votre vision ?
MICHEL HADDI : Pour moi, il n’y a pas de véritable différence entre les cultures arabes et chinoises. Les deux sont anciennes, sophistiquées et fières. Je suis un homme du monde. Il faut rester curieux, accueillir la différence — c’est ainsi que l’on grandit.
QCEG : Si vous deviez capturer l’essence de la Chine à travers votre objectif, quelle serait-elle ?
MICHEL HADDI : Je l’exprimerais par le cinéma — une fusion de kung-fu et d’histoires d’amour. Ce mélange de force et de tendresse me semble très chinois.
QCEG : Que ressentez-vous en étant reconnu comme l’un des photographes les plus importants au monde ?
MICHEL HADDI : Bien sûr, j’apprécie les compliments — je mentirais si je disais le contraire. Mais je ne les tiens jamais pour acquis. Je vis dans le présent. Ce que j’ai fait hier est fait ; demain n’existe pas encore. Ma femme et moi travaillons sept jours sur sept pour créer quelque chose de nouveau. J’aime la compétition. Je ne pense pas avoir atteint tout ce que je souhaite — et cela me garde affamé.
QCEG : En regardant votre carrière, quelle photographie ou série raconte le mieux votre propre histoire ?
MICHEL HADDI : Mes années à Los Angeles, surtout à Venice Beach, ont été transformatrices. J’ai embrassé une autre culture, rencontré des personnes extraordinaires et grandi en tant qu’artiste. Cela m’a donné confiance — le « coup de pouce » dont j’avais besoin. Je dis toujours aux gens : foncez. Ne demandez pas la permission de vivre vos rêves.
QCEG : Comment souhaitez-vous que votre travail soit mémorisé — par les personnes que vous photographiez ou par le monde de la photographie ?
MICHEL HADDI : J’ai demandé une fois à Helmut Newton quand il avait réalisé qu’il était célèbre. Il a dit que c’était lorsque sa concierge l’a appelé M. Newton et lui a dit qu’elle aimait sa photo. C’est le vrai succès — lorsque les gens ordinaires se connectent à votre travail. Quand ils ressentent quelque chose.
QCEG : Si votre jeune vous voyait aujourd’hui, l’artiste que vous êtes devenu, que voudriez-vous qu’il sache ?
MICHEL HADDI : Je lui dirais : « Reste calme et reste vrai. » Suis tes instincts. Ne cherche pas à plaire à tout le monde. Je suis fier d’être français et berbère, de porter deux cultures en moi. Peut-être aurais-je dû apprendre l’arabe et le chinois plus tôt — j’aurais peut-être mieux compris qui je suis.
QCEG : Quels projets ou histoires rêvez-vous de créer prochainement, et comment espérez-vous qu’ils redéfinissent la perception de votre travail ?
MICHEL HADDI : Je travaille beaucoup avec l’IA maintenant. Certains pensent que c’est le shaitan, le diable — mais pour moi, c’est juste un autre outil, comme Photoshop. Cela permet de dépasser les limites. Je ne planifie pas trop à l’avance. Dans dix jours, je serai à Marrakech avec des amis, puis à New York. Je suis comme une feuille flottant sur une rivière — je laisse la vie me porter. L’histoire me trouve toujours. Et il y en a toujours une nouvelle à raconter.

« L’art de Michel Haddi ne se définit pas par la lumière ou la célébrité, mais par la présence — la force tranquille d’une âme vue et comprise. Ses portraits résonnent comme des échos de vérité, rappelant que la beauté n’est pas dans la perfection mais dans l’émotion. À travers son objectif, le temps ralentit, les histoires respirent et l’humanité se reflète. Dans chaque photographie, Michel Haddi rappelle au monde que voir ne suffit jamais — il faut aussi ressentir. »
