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Agharahim Gouliyev ne se contente pas de jouer de la flûte — il la maîtrise. Né à Bakou dans une famille de musiciens, il a pris l’instrument en main à l’âge de neuf ans, et dès cette première note, une étincelle s’est transformée en une quête infatigable de perfection. Chaque son qu’il produit irradie précision, passion et une intensité émotionnelle brute, impossible à confondre.
Ses premiers triomphes — dont le Grand Prix du Premier Concours International des Jeunes Musiciens du Monde Islamique (2012) — lui ouvrent les portes de la Samara Yuri Bashmet Music Academy puis de l’École Normale de Musique de Paris “Alfred Cortot”. En chemin, il se forme auprès de maîtres tels que James Galway, Linda Chesis, Christina Jennings et Emmanuel Pahud, façonnant une voix lumineuse, expressive et résolument personnelle.
Son répertoire traverse les siècles, de l’élan romantique de Rachmaninov à la modernité ciselée de Hindemith et Dutilleux. Chaque interprétation se distingue par une articulation cristalline, un phrasé expressif et un timbre riche, concentré, inoubliable.
Mais Agharahim est davantage qu’un interprète. En tant que fondateur de sa propre plateforme de production et de son ensemble de musique de chambre, il se révèle visionnaire — mariant rigueur classique et créativité contemporaine pour imaginer des programmes originaux qui repoussent les frontières du récit musical.
Agharahim Gouliyev est un conteur, un créateur, une présence dont la musique demeure bien après que la dernière note s’est éteinte. Chaque performance, chaque projet, témoigne d’un artiste qui honore son héritage, façonne son art avec une dévotion absolue et ose imaginer l’extraordinaire.
— SUNA MOYA
AGHARAHIM GOULIYEV
“De Bakou à Paris, le flûtiste Agharahim Gouliyev allie précision, passion et sens artistique, transformant chaque performance en un voyage émotionnel puissant.”
QCEG MAG : Vous avez grandi dans une famille de musiciens à Bakou. Quel est votre premier souvenir lié au son ou à la musique qui a façonné qui vous êtes ?
Agharahim Gouliyev : L’un des souvenirs les plus lumineux de mon enfance est lorsque ma mère s’asseyait au piano. Un simple son suffisait pour que je me précipite vers elle, enthousiaste. Je ne comprenais pas encore ce qui m’attirait autant — c’était instinctif, aussi naturel que de respirer. La musique semblait être quelque chose auquel je devais absolument participer. Je n’ai jamais remis cela en question.
L’atmosphère des élèves venant régulièrement à notre maison pour des leçons avec ma grand-mère, ainsi que ma mère qui jouait, accompagnait et enseignait, m’a façonné en tant que musicien bien avant que je ne comprenne consciemment quoi que ce soit. Ma connexion à la musique était intuitive ; je ne pouvais imaginer aucun avenir autre que celui de devenir musicien.
QCEG MAG : Vous souvenez-vous du moment où vous avez d’abord ressenti une connexion avec la flûte comme voix, et pas seulement comme instrument ?
Agharahim Gouliyev : J’ai commencé l’étude de la flûte à un âge conscient. Au piano, il me manquait toujours cette sensation d’un flux de son contrôlé et personnel. Si je voulais un son plus doux ou plus fort, cela dépendait entièrement de moi. Après deux ans d’étude, j’ai réalisé combien la flûte exigeait d’efforts physiques et spirituels. J’aimais sa capacité à « chanter » — chose que le piano ne pouvait me donner — mais plus l’instrument offrait de possibilités, plus il exigeait en retour.
À l’adolescence, lorsque mon répertoire s’est élargi et que j’ai mûri intellectuellement et spirituellement, j’ai compris combien le contrôle physique — voire le renoncement à soi — était essentiel pour atteindre le plus haut niveau d’interprétation. J’ai commencé à ressentir la musique différemment. Elle m’a conduit dans une direction inconnue mais profondément familière, que je ressentais depuis l’enfance.
Je ne me suis senti vraiment vivant que sur scène — et cela n’a pas changé. C’est là que je peux tout exprimer : émotion, pureté, vérité. Mais je ne peux rester dans cet état longtemps ; personne ne le peut. Pour un moment qui ne dure que quelques minutes, des mois de travail spirituel et physique sont nécessaires.
Suna Moya : Quand les gens écoutent votre jeu, quelle émotion ou quel monde intérieur souhaitez-vous qu’ils ressentent ?
Agharahim Gouliyev : Je souhaite que les gens se souviennent qu’au-delà du monde matériel, il existe un monde spirituel. Les gens sont devenus si insensibles que parfois, j’espère simplement qu’ils ressentiront quelque chose.
Je choisis mon répertoire intuitivement. Si le thème d’une sonate résonne avec mon expérience personnelle, j’essaie de transmettre l’intention émotionnelle la plus profonde du compositeur à l’auditeur. Oui, cela peut sembler ambitieux — mais c’est l’essence de l’art : offrir aux gens quelque chose d’éternel, profond et spirituel, et non superficiel. Il n’est pas étonnant que la musique soit considérée comme le plus haut des arts — le langage de Dieu.
Suna Moya : Beaucoup disent que la flûte est la plus proche de la voix humaine. Comment faites-vous « parler » l’instrument dans votre propre langage ?
Agharahim Gouliyev : Je ne fais rien. Je suis simplement, et le son est. Tel que je suis, tel est le son.
La musique exige une auto-analyse continue et un développement spirituel. Il faut cultiver l’émotion et développer la capacité de transmettre un sentiment. Si vous êtes vide, le son est vide. La flûte n’est qu’un outil — un instrument de l’âme. Comme est l’âme, telle est la réponse de l’instrument.
Tout le monde peut parler, mais le sens d’une phrase ne vient pas des cordes vocales ou de l’alphabet.
Suna Moya : Être sélectionné pour le masterclass de James Galway est exceptionnel. Que vous a apporté cette rencontre ?
Agharahim Gouliyev : Sir James Galway est appelé une légende vivante, bien que beaucoup ne comprennent pas pourquoi. Certains collègues pensent que ce n’est que du marketing ou la portée de son répertoire. Très peu remarquent comment il jouait.
Il est une légende parce que seule une personne extraordinairement douée peut ressentir et transmettre l’émotion comme lui. Son talent m’a poussé avec une force énorme durant mon enfance. J’ai écouté presque exclusivement ses enregistrements pendant des années — et encore aujourd’hui.
Lors du masterclass, mon objectif était d’entendre ses conseils — non seulement techniques, mais sur la manière de chercher le sens dans la musique. Ce qu’il met en avant, ce qu’il juge manquant, la direction à suivre. J’ai reçu des commentaires inestimables d’une personne véritablement légendaire.
Ses conseils restent pour moi plus précieux que toute méthode de pratique.
Suna Moya : Vous avez joué partout, de l’UNESCO à la Salle Cortot. Y a-t-il une scène qui a marqué un tournant dans votre carrière ?
Agharahim Gouliyev : Oui — la Salle Cortot. Je ne sais pas pourquoi, mais dans cette salle, je me sens toujours différent. Ses murs m’ont vu grandir, d’étudiant à musicien presque accompli. C’est bien plus qu’une salle de concert pour moi.
J’y ai passé des examens, échoué à certains, obtenu des diplômes, étudié, assisté à des conférences et masterclass. C’est un monde à part.
Suna Moya : Votre composition De Profundis est très émotive. Qu’est-ce qui vous a poussé à l’écrire ?
Agharahim Gouliyev : La composition est un hobby pour moi. J’ai toujours été curieux des limites les plus éloignées de l’interprétation. Beaucoup de mes pièces sont comme des photographies — capturant un moment que je ne voulais pas perdre.
Suna Moya : The Sunrise dégage un sentiment d’espoir. Qu’est-ce qui a inspiré son atmosphère ?
Agharahim Gouliyev : The Sunrise a été écrit pendant une période spirituellement difficile. Ma santé était fragile ; j’ai dû rentrer chez moi. Mon père était décédé l’année précédente, et peu après ma guérison, ma grand-mère — mon guide, mentor et amie — est également décédée.
Mes journées étaient longues, mes nuits sans sommeil. Je suis tombé dans la dépression. Pendant des mois, j’allais souvent au parc à 6h10, m’asseyais sur un banc avec une cigarette et regardais le lever du soleil, attendant qu’un changement survienne.
Aucune de mes pièces n’est actuellement disponible sur les plateformes car je modifie le format. Mais bientôt, la Sonate Undine de Karl Reinecke sera disponible — un enregistrement réalisé avec mon ami d’enfance, avec qui j’ai également étudié à Paris. À mon avis, c’est l’un de nos meilleurs ; une fois que vous lirez la légende d’Undine, vous comprendrez tout ce que nous avons voulu transmettre.
Suna Moya : Grandir dans la musique, comment cela a-t-il façonné votre regard sur le monde extérieur ?
Agharahim Gouliyev : La musique est un examen de soi sans fin, un raffinement spirituel, une croissance intellectuelle et une quête constante de sens. Ces derniers temps, elle m’a fait me sentir de plus en plus éloigné du monde. Plus je m’immerge dans la musique, plus je prends de la distance avec les gens et me tourne vers la foi.
J’ai toujours préféré la solitude au bruit. Je vois plus clairement les défauts — en moi et chez les autres. Je suis reconnaissant à mes parents de m’avoir appris à réfléchir profondément, à accepter les erreurs et à les corriger. La musique enseigne la discipline : rencontrer une erreur, la corriger, sinon vous ruinez la performance.
Sur scène, je fais face à mes choix. C’est la même chose dans la vie — et après. Ce qui compte, c’est le sens que vous donnez aux choses.
Suna Moya : Loin des répétitions et des scènes, qu’est-ce qui vous rappelle qui vous êtes au-delà d’être musicien ?
Agharahim Gouliyev : Je suis une personne ordinaire cherchant à affiner son âme afin qu’elle puisse un jour retourner chez elle. Laisser derrière soi quelque chose qui guide les autres — quelque chose d’utile, non nuisible.
L’amour doit s’apprendre. Ce n’est pas seulement des baisers sous la pluie près de la Tour Eiffel. C’est aider un ami, nourrir une personne sans-abri, répondre avec bienveillance à la cruauté, dire la vérité, être honnête avec soi-même et ne pas devenir arrogant après le succès.
Nous sommes tous humains. L’essentiel est de ne pas l’oublier.
Suna Moya : Comment équilibrez-vous le patrimoine musical azéri avec la tradition classique européenne ?
Agharahim Gouliyev : Pour moi, l’équilibre se ressent naturellement. Je suis un Azerbaïdjanais vivant dans la culture européenne, avec une pensée slave, guidé par des principes moraux azerbaïdjanais. Tout cela existe naturellement en moi. Que peut-on dire de plus sur la musique ?
Suna Moya : En imaginant votre futur dans quelques décennies, quel impact espérez-vous que votre musique aura laissé ?
Agharahim Gouliyev : Êtes-vous sûr que nous existerons encore dans quelques décennies ?