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TOILE D’ÉMOTIONS
Julieta Grajales dévoile sa toile d’émotions — mêlant jeu d’actrice, peinture et honnêteté brute à Paris avec courage, âme et expression vibrante.
Il y a des artistes qui performent, et il y a des artistes qui mettent leur âme à nu. Julieta Grajales appartient à cette dernière catégorie. Actrice mexicaine célèbre et créatrice multidisciplinaire, Julieta captive depuis longtemps les publics par sa présence audacieuse et viscérale à l’écran. Ses performances dans des séries acclamées telles que El Chema, El Señor de los Cielos, La Bandida et Lotería del Crimen sont empreintes d’une intensité rare — une honnêteté émotionnelle qui persiste comme une vérité implicite. Formée à la méthode de jeu à Barcelone et au Mexique, elle a maîtrisé l’art délicat de la vulnérabilité, incarnant des personnages d’une authenticité saisissante.
Pourtant, l’univers de Julieta ne s’arrête pas sous les feux des projecteurs. Il s’élargit — discrètement, vivement — sur la toile. Au-delà des rôles et des scripts, elle peint. Pour Julieta, peindre n’est pas un passe-temps, mais une bouée de sauvetage : un rituel profondément intime où la couleur devient confession et la texture, émotion. Sa première exposition à Paris, organisée à la Galerie L’Esprit d’Escalier, a été bien plus qu’une étape ; ce fut une révélation. Dans ces cadres, nous avons découvert Julieta sans masque : brute, tendre et profondément humaine.
Ses peintures font écho à sa manière de jouer — avec instinct, courage et âme. Ce sont des dialogues silencieux entre lumière et ombre, couleur et sentiment — des poèmes sans mots qui persistent longtemps après qu’on a quitté la pièce. Chaque œuvre nous rapproche, murmurant des vérités que seul l’art peut porter.
Et puis il y a la femme elle-même — intrépide, magnétique, authentique sans compromis. Fervente défenseure de l’individualité et de la visibilité LGBTQ+, Julieta vit sa vérité avec grâce et défi. Son travail — que ce soit à l’écran ou sur la toile — porte le même message : exister pleinement, aimer ouvertement, créer sans compromis.
Nous avons eu le privilège de pénétrer cet univers lors de son exposition à Paris — un moment de pure intimité avec une artiste qui refuse d’être confinée. Après avoir été témoins de la profondeur de son art, en tant qu’actrice et peintre, nous nous sommes assis avec Julieta pour découvrir les histoires, les luttes et les passions qui façonnent son art — et sa vie.
— SUNA MOYA
JULIETA GRAJALES
TOILE D’ÉMOTIONS Julieta Grajales dévoile sa toile d’émotions — mêlant jeu d’actrice, peinture et honnêteté brute à Paris avec courage, âme et expression vibrante.
Suna Moya : Vos performances à l’écran sont audacieuses et viscérales. Comment cette profondeur émotionnelle se traduit-elle sur la toile lorsque vous peignez ?
Julieta Grajales : En tant qu’actrice, je me sens plus à l’aise car j’habite d’autres peaux et je leur donne vie à travers moi. Pour moi, être artiste a toujours été un acte thérapeutique — une manière d’explorer mes émotions et de les déverser sur l’écran jusqu’à ce que je sois complètement vidée. C’est pourquoi j’ai soif d’expériences ; je m’en nourris et transforme cette énergie en inspiration, espérant toucher les autres à travers mon art.
Peindre, cependant, a été un voyage très différent. J’ai commencé enfant, sans technique ni connaissances, simplement comme un moyen d’échapper à des réalités difficiles. Peindre me permettait de m’immerger dans un monde de fantaisie et de revenir à la vie avec un esprit plus optimiste. Avec le temps, c’est devenu une pratique intime, presque une forme de méditation profonde.
Peut-être que mes peintures ne sont pas commerciales, et elles ne plaisent pas à tout le monde, mais elles sont authentiques. Elles parlent de mon esprit — mes processus émotionnels, mes amours, mes douleurs, mes transformations, désirs, fantasmes et abîmes. Montrer mon travail m’a toujours terrifiée car cela revient à me mettre à nu devant un public, sans masques, révélant à la fois ma lumière et mes ténèbres en constante évolution.
SUNA MOYA : Vous sentez-vous plus exposée en tant qu’actrice incarnant un personnage, ou en tant que peintre révélant votre monde intérieur sur une toile ?
Julieta Grajales : En tant qu’actrice, même si je me donne entièrement, j’ai toujours la protection d’un personnage — une autre peau, une autre histoire. Mes émotions s’entrelacent avec les leurs, mais il y a encore un voile qui me protège.
En tant que peintre, je me sens bien plus exposée car il n’y a ni filtres ni scripts. Ce que je place sur la toile est mon monde intérieur — mes abîmes et ma lumière. Peindre, c’est comme mettre son âme à nu devant les autres, sans masques. Cette vulnérabilité est tellement plus intense.
SUNA MOYA : Si vos peintures pouvaient parler, que révéleraient-elles sur vous que votre jeu d’actrice ne pourrait jamais exprimer ?
Julieta Grajales : Elles parleraient des choses que je n’ose pas dire à haute voix — de mes silences, de mes contradictions. Jouer me permet d’incarner des émotions universelles à travers un personnage, mais peindre révèle ce qu’il y a de plus secret : mes blessures, mes fantasmes, mes ombres et mes désirs les plus intimes.
Si mes toiles pouvaient parler, elles diraient que derrière l’actrice se trouve une femme vulnérable cherchant à se comprendre — quelqu’un qui transforme la douleur en couleur, l’amour en coups de pinceau, et ses abîmes en paysages intérieurs. Ce sont des confessions que je ne pourrais jamais exprimer sur scène, mais dans la peinture, elles trouvent une liberté absolue.
SUNA MOYA : Avez-vous déjà peint une émotion qu’aucun personnage ne pourrait incarner ? Laquelle ?
Julieta Grajales : Oui. J’ai peint des émotions qu’aucun personnage ne pourrait incarner car elles sont trop abstraites ou contradictoires pour s’inscrire dans un scénario. Je me souviens d’un moment où je me sentais déchirée entre l’espoir et le désespoir, comme si je vivais deux réalités à la fois. J’ai capturé cette dualité sur une toile pleine de couleurs qui se contredisaient — se repoussant et s’embrassant en même temps.
Un personnage peut exprimer une émotion définie, mais la peinture me permet de représenter des états invisibles — des sensations sans nom — un langage secret entre mon monde intérieur et le spectateur.
SUNA MOYA : Qu’a signifié pour vous — personnellement et artistiquement — de présenter votre première exposition de peinture à Paris, une ville si riche en histoire artistique ?
Julieta Grajales : Cela ressemblait à un rêve que je n’aurais jamais osé écrire. Sur le plan personnel, cela signifiait me réconcilier avec mon enfant intérieur — celle qui peignait en silence comme refuge et n’imaginait jamais que ses œuvres voyageraient si loin. C’était un acte de guérison et de courage : révéler mon monde intérieur dans une ville qui respire l’art à chaque coin de rue.
Artistiquement, c’était à la fois un cadeau et une grande responsabilité. Paris est imprégnée d’histoire, façonnée par de grands maîtres qui ont transformé notre façon de voir la vie à travers leurs toiles. Apporter mon travail là-bas n’était pas une question de comparaison, mais un dialogue intime avec cette tradition — placer ma voix, avec toute sa fragilité et sa force, dans une ville qui honore l’art sous toutes ses formes.
SUNA MOYA : Y a-t-il eu un moment pendant l’exposition où quelqu’un s’est connecté à votre travail d’une manière qui vous a surpris ou profondément ému ?
Julieta Grajales : Oui, et cela m’a profondément marqué. Une femme est restée silencieusement devant l’une de mes œuvres pendant longtemps, puis a soudainement commencé à pleurer. Elle m’a ensuite approchée et m’a dit qu’elle reconnaissait dans cette peinture une douleur qu’elle traversait — mais aussi une lumière qui lui donnait de l’espoir.
Ce moment m’a profondément émue car j’ai réalisé que peindre, au-delà d’un acte intime, peut devenir un miroir pour les autres. Cela m’a rappelé pourquoi l’art est si puissant : il unit nos vulnérabilités et nous fait nous sentir moins seuls.
SUNA MOYA : Comment la préparation de l’exposition s’est-elle comparée à celle d’un film ou d’une série ? Cela vous a-t-il semblé plus solitaire, plus viscéral ?
Julieta Grajales : C’était complètement différent. Dans le cinéma et la télévision, il y a toujours une équipe — réalisateurs, acteurs, techniciens — une énergie collective qui vous soutient. Peindre est l’opposé : profondément solitaire. C’est juste vous, la toile et vous-même — sans scénario pour vous guider ni réalisateur pour indiquer le chemin.
Cela semblait plus viscéral car chaque décision dépendait de moi — les couleurs, les coups de pinceau, ce que je voulais révéler ou dissimuler. En même temps, cette solitude était un cadeau car elle m’a forcée à m’écouter honnêtement et à faire confiance à mes instincts. Si jouer me transforme pour donner vie à un personnage, peindre me met à nu pour révéler mon moi le plus intime.
Je suis profondément reconnaissante à la galerie L’Esprit d’Escalier, cet espace magique où Marco Valvé et Mateo m’ont invitée à exposer. C’était un rêve devenu réalité — oser partager mon monde intérieur.
SUNA MOYA : Des icônes comme Frida Kahlo et Leonora Carrington ont ouvert la voie aux artistes femmes mexicaines. Leur héritage a-t-il influencé votre voix ou votre confiance lors de la préparation de cette exposition ?
Julieta Grajales : Absolument. J’admire profondément Frida Kahlo car, malgré la douleur physique et émotionnelle qu’elle a endurée, elle n’a jamais laissé cela définir sa créativité ou sa liberté. Sa vie était un acte d’audace constant — brisant les conventions, remettant en question les rôles de genre, exposant sans peur sa vulnérabilité et transformant sa souffrance en un art puissant et universel.
Frida Kahlo et Leonora Carrington, chacune à sa manière, m’ont appris que l’art peut être un espace de liberté absolue — où même la douleur et l’incompréhensible peuvent devenir beauté. Elles ont ouvert la porte aux femmes mexicaines pour s’exprimer sans demander la permission, sans crainte de révéler leur vulnérabilité ou leur force.
En préparant mon exposition, j’ai beaucoup pensé à cet héritage. Il ne s’agissait pas d’imitation, mais d’honorer leur courage. Savoir que des femmes avant moi ont brisé les moules m’a donné la confiance nécessaire pour montrer ma propre voix — avec mes blessures, mes fantasmes et mes contradictions. Je crois que leur esprit m’a accompagnée dans chaque toile, me rappelant qu’être authentique est aussi un acte de résistance.
SUNA MOYA : Votre art naît-il du silence ou du chaos ? Qu’est-ce qui déclenche généralement le premier coup de pinceau ?
Julieta Grajales : Des deux. Parfois, il naît d’un bruit intérieur — des émotions intenses qui exigent d’être libérées. D’autres fois, il émerge du calme — des moments d’introspection où tout en moi s’apaise et se pose.
Le premier coup de pinceau surgit généralement d’une émotion que je ne peux contenir — colère, désir, joie inattendue, ou même un souvenir qui demande à être libéré. C’est une impulsion viscérale, presque instinctive, qui me connecte instantanément à la partie la plus profonde de mon monde intérieur.
SUNA MOYA : Vous avez décrit la peinture comme une forme de libération émotionnelle. Avez-vous déjà pleuré, ri, ou ressenti l’envie d’abandonner une œuvre en la créant ? Et comment savez-vous qu’une peinture est vraiment terminée ?
Julieta Grajales : Quelle belle question ! Je commence tout juste à apprendre à lâcher prise. Au début, j’étais très exigeante envers moi-même, durement critique — me comparant constamment à de grands artistes avec une formation formelle et des carrières établies. J’avais peur à l’idée que quelqu’un voie mon travail. Cette peur m’a longtemps empêchée de partager mes peintures.
Avec le temps, j’ai appris à me faire davantage confiance. J’ai compris que nous sommes tous uniques, et personne ne peut vivre mon monde intérieur comme je le fais. Je ne pouvais pas « prostituer » cet univers de fantaisie avec des comparaisons ou des attentes extérieures. Maintenant, je pleure, je ris, ou même ressens l’envie d’abandonner une œuvre — mais j’embrasse cela comme faisant partie du processus. Une peinture est terminée lorsque je sens qu’elle a dit tout ce qu’elle devait dire sur moi à ce moment-là.